Achtung ! Achtung !
Je tenais à préciser que dans les textes que vous nous avez distribués pour l'épreuve de l'oral, il manque les 4 lectures analytiques de Dom Juan.(Il me semble que nous avons seulement un "morceau" de la scène du pauvre)…Bon, cela m'étonne bcp, et la version des documents dont il me reste quelques exemplaires contient bien l'ensemble des lectures de Dom Juan.Cela dit, on n'est jamais trop prudent et vous trouverez ci-après les extraits de la pièce de Molière qui ont donné lieu à une analyse :DOM JUAN
OU
LE FESTIN DE PIERRE
Comédie
PERSONNAGES
DOM JUAN, fils de Dom Louis.
SGANARELLE, valet de Dom Juan.
ELVIRE, femme de Dom Juan.
GUSMAN, écuyer d’Elvire.
DOM CARLOS, DOM ALONSE, frères d’Elvire.
DOM LOUIS, père de Dom Juan.
FRANCISQUE.
CHARLOTTE, MATHURINE, paysannes.
PIERROT, paysan.
LA STATUE du Commandeur.
LA VIOLETTE, RAGOTIN, laquais de Dom Juan.
M. DIMANCHE, marchand.
LA RAMÉE, spadassin.
SUITE de Dom Juan.
SUITE de Dom Carlos et de Dom Alonse, frères.
UN SPECTRE.
La scène est en Sicile.
LECTURES ANALYTIQUES
1.
ACTE I, SCÈNE PREMIÈRE
SGANARELLE, GUSMAN.
SGANARELLE,
tenant une tabatière. – Quoi que puisse dire Aristote, et toute la philosophie, il n’est rien d’égal au tabac, c’est la passion des honnêtes gens ; et qui vit sans tabac, n’est pas digne de vivre ; non seulement il réjouit, et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l’on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien dès qu’on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d’en donner, à droit, et à gauche, partout où l’on se trouve ? On n’attend pas même qu’on en demande, et l’on court au-devant du souhait des gens : tant il est vrai, que le tabac inspire des sentiments d’honneur, et de vertu, à tous ceux qui en prennent. Mais c’est assez de cette matière, reprenons un peu notre discours. Si bien donc, cher Gusman, que Done Elvire ta maîtresse, surprise de notre départ, s’est mise en campagne après nous ; et son cœur, que mon maître a su toucher trop fortement, n’a pu vivre, dis-tu, sans le venir chercher ici ? Veux-tu qu’entre nous je te dise ma pensée ; J’ai peur qu’elle ne soit mal payée de son amour, que son voyage en cette ville produise peu de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là.
2.
DOM JUAN. – Quoi ? tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle, de s’ensevelir pour toujours dans une passion, et d’être mort dès sa jeunesse, à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux : non, non, la constance n’est bonne que pour des ridicules, toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première, ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos cœurs. Pour moi, la beauté me ravit partout, où je la trouve ; et je cède facilement à cette douce violence, dont elle nous entraîne ; j’ai beau être engagé, l’amour que j’ai pour une belle, n’engage point mon âme à faire injustice aux autres ; je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages, et les tributs où la nature nous oblige. Quoi qu’il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable, et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l’amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire par cent hommages le cœur d’une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu’on y fait ; à combattre par des transports, par des larmes, et des soupirs, l’innocente pudeur d’une âme, qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose, à vaincre les scrupules, dont elle se fait un honneur, et la mener doucement, où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu’on en est maître une fois, il n’y a plus rien à dire, ni rien à souhaiter, tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour ; si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d’une conquête à faire. Enfin, il n’est rien de si doux, que de triompher de la résistance d’une belle personne ; et j’ai sur ce sujet l’ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs, je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.
SGANARELLE. – Vertu de ma vie, comme vous débitez ; il semble que vous ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre.
Acte I, scène 2
3.
SCÈNE II
DOM JUAN, SGANARELLE, UN PAUVRE.
SGANARELLE. – Enseignez-nous un peu le chemin qui mène à la ville.
LE PAUVRE. – Vous n’avez qu’à suivre cette route, Messieurs, et détourner à main droite quand vous serez au bout de la forêt. Mais je vous donne avis que vous devez vous tenir sur vos gardes, et que depuis quelque temps il y a des voleurs ici autour.
DOM JUAN. – Je te suis bien obligé, mon ami, et je te rends grâce de tout mon cœur.
LE PAUVRE. – Si vous vouliez, Monsieur, me secourir de quelque aumône.
DOM JUAN. – Ah, ah, ton avis est intéressé, à ce que je vois.
LE PAUVRE. – Je suis un pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans, et je ne manquerai pas de prier le Ciel qu’il vous donne toute sorte de biens.
DOM JUAN. – Eh, prie-le qu’il te donne un habit, sans te mettre en peine des affaires des autres.
SGANARELLE. – Vous ne connaissez pas Monsieur, bon homme, il ne croit qu’en deux et deux sont quatre, et en quatre et quatre sont huit.
DOM JUAN. – Quelle est ton occupation parmi ces arbres ?
LE PAUVRE. – De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose.
DOM JUAN. – Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise.
LE PAUVRE. – Hélas, Monsieur, je suis dans la plus grande nécessité du monde.
DOM JUAN. – Tu te moques ; un homme qui prie le Ciel tout le jour, ne peut pas manquer d’être bien dans ses affaires.
LE PAUVRE. – Je vous assure, Monsieur, que le plus souvent je n’ai pas un morceau de pain à mettre sous les dents.
DOM JUAN. – Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins ; ah, ah, je m’en vais te donner un Louis d’or tout à l’heure, pourvu que tu veuilles jurer.
LE PAUVRE. – Ah, Monsieur, voudriez-vous que je commisse un tel péché ?
DOM JUAN. – Tu n’as qu’à voir si tu veux gagner un Louis d’or ou non, en voici un que je te donne si tu jures, tiens il faut jurer.
LE PAUVRE. – Monsieur.
SGANARELLE. – Va, va, jure un peu, il n’y a pas de mal.
DOM JUAN. – Prends, le voilà, prends te dis-je, mais jure donc.
LE PAUVRE. – Non Monsieur, j’aime mieux mourir de faim.
DOM JUAN. – Va, va, je te le donne pour l’amour de l’humanité, mais que vois-je là ? Un homme attaqué par trois autres ? La partie est trop inégale, et je ne dois pas souffrir cette lâcheté.
Acte III
4.
SCÈNE V
DOM JUAN, UN SPECTRE en femme voilée, SGANARELLE.
LE SPECTRE,
en femme voilée. – Dom Juan n’a plus qu’un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du Ciel, et s’il ne se repent ici, sa perte est résolue.
SGANARELLE. – Entendez-vous, Monsieur ?
DOM JUAN. – Qui ose tenir ces paroles ? Je crois connaître cette voix.
SGANARELLE. – Ah, Monsieur, c’est un spectre, je le reconnais au marcher.
DOM JUAN. – Spectre, fantôme, ou diable, je veux voir ce que c’est.
Le Spectre change de figure, et représente le temps avec sa faux à la main.SGANARELLE. – Ô Ciel ! voyez-vous, Monsieur, ce changement de figure ?
DOM JUAN. – Non, non, rien n’est capable de m’imprimer de la terreur, et je veux éprouver avec mon épée si c’est un corps ou un esprit.
Le Spectre s’envole dans le temps que Dom Juan le veut frapper.SGANARELLE. – Ah, Monsieur, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir.
DOM JUAN. – Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu’il arrive, que je sois capable de me repentir, allons, suis-moi.
SCÈNE VI
LA STATUE, DOM JUAN, SGANARELLE.
LA STATUE. – Arrêtez, Dom Juan, vous m’avez hier donné parole de venir manger avec moi.
DOM JUAN. – Oui, où faut-il aller ?
LA STATUE. – Donnez-moi la main.
DOM JUAN. – La voilà.
LA STATUE. Dom Juan, l’endurcissement au péché traîne une mort funeste, et les grâces du Ciel que l’on renvoie, ouvrent un chemin à sa foudre.
DOM JUAN. – Ô Ciel, que sens-je ? Un feu invisible me brûle, je n’en puis plus, et tout mon corps devient un brasier ardent, ah!
Le tonnerre tombe avec un grand bruit et de grands éclairs sur Dom Juan, la terre s’ouvre et l’abîme, et il sort de grands feux de l’endroit où il est tombé.SGANARELLE. – Voilà par sa mort un chacun satisfait, Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content ; il n’y a que moi seul de malheureux, qui après tant d’années de service, n’ai point d’autre récompense que de voir à mes yeux l’impiété de mon maître, punie par le plus épouvantable châtiment du monde.
Acte V